Push Girls – Une série documentaire qui décoiffe et qui donne une leçon d’humilité

Article lié à la série Push Girl

Résumé Officiel :

Los Angeles, ville des anges et de quatre femmes hors du commun. Angela, Tiphany, Mia et Auti sont drôles, vives, belles et paralysées. Ce docu du réel nous propose de suivre le quotidien mouvementé de ces héroïnes d’un Sex and the City en fauteuil roulant. Un jour, la vie de nos quatre amies a pris un chemin inattendu. À cause d’un accident ou d’une maladie, elles se sont retrouvées paralysées. Mais alors que leurs jambes ne sont plus capables de les porter, leur esprit, lui, reste très éveillé. De leur handicap, ce quatuor de choc trouve l’énergie de faire face à la vie et poursuit sa quête du bonheur !

Angela est la réaliste de la bande. Mannequin éblouissante, elle essaie de prouver désormais son indépendance. Séductrice et blagueuse, Tiphany se pose de son côté beaucoup de questions sur sa sexualité et sur le fait de s’installer de façon un peu plus posée dans sa vie. Mia, elle, est une ancienne championne de natation sur le point de nager à nouveau pour la première fois depuis son accident médical. Quant à Auti, à la fois danseuse, rappeuse, actrice et véritable pile électrique, elle croise les doigts pour avoir – à l’âge de 42 ans – un bébé avec son mari.

Avis Personnel :

Push Girls est mon coup de cœur de cette année et, j’en suis certaine, des années à venir. Ça va être difficile de trouver une émission de télé qui pourra détrôner Push Girls de la première place du podium sur lequel je l’ai placée.

Comme résumé plus haut il s’agit de l’histoire de quatre amies qui habitent à Los Angeles et qui, à travers leurs choix et la manière dont elles vivent leur vie, se battent pour la visibilité et l’égalité des personnes à mobilité réduite. Le montage et les interviews sont extrêmement efficaces et sont faits de telle manière qu’on intègre presque instantanément leur quotidien. La rapidité avec laquelle le ton est donné est déconcertante : dès le début on comprend ces filles et on s’identifie à elles. On s’identifie d’abord car on se dit qu’un accident est vite arrivé, nous pourrions être celle qui se fait percuter par un chauffard ivre en voiture, il y a des choses que nous ne pouvons pas contrôler, et parfois le destin relève de la loterie, pourquoi elles et pourquoi pas nous ?

Cependant, l’identification s’arrête ici. Je m’explique : presque instantanément, même s’il n’est pas question pour les héroïnes de l’émission de se poser en faiseuses de morale, ou de tenir des grands discours sur ce que doit être la vie et comment celle-ci doit être vécue, leur force crève l’écran. Le résultat est une immense réussite car à aucun moment il n’est question pour les filles de s’apitoyer sur leur sort, de se considérer comme différentes (au sens discriminatoire du terme), de montrer de manière collégiale ce qui va et ce qui ne va pas dans la société à l’égard des personnes en situation de handicap. Non, le tout vous éclate au visage dans toute sa vérité, dans toute sa limpidité et sans qu’aucun pathos ne viennent surenchérir par-dessus ça. On comprend dès les premières secondes qu’il ne sera pas question de voyeurisme, c’est comme si pour la première fois à la télévision on avait trouvé une réelle légitimité aux émissions-réalité. Push Girls donne ses lettres de noblesse à ce genre télévisuel qui nous a trop souvent habitués à de l’affligeante télé-poubelle. Le genre est si parfaitement exploité que ces femmes apparaissent dans tout ce qu’elles ont de plus exemplaire et les regarder évoluer à Los Angeles est mille fois plus éloquent que tous les discours remâchés sur l’égalité et l’accessibilité que nous connaissons tous et qui n’ont plus aucun impact tant ils sont usés et ont perdu leur âme.

Dès le départ la couleur est annoncée : nos héroïnes ont pour point commun de refuser farouchement l’aide extérieure qui viendrait entacher leur si chère indépendance, et elles veulent faire tout comme tout le monde, voire même beaucoup plus. À hauteur de fauteuil, on partage leurs joies et leurs peines, leurs échecs et leurs réussites. Nous les accompagnons à la salle de sport, au restaurant, dans des soirées de speed-dating, dans leurs flirts, au ski, en parachute ascensionnel, au volant de divers véhicules, aller aux enchères et ramener sans l’aide de personne des meubles plutôt volumineux, dans des déménagements, en train de faire de la danse dans leur troupe, partir en week-end, prendre l’avion pour le Mexique et rendre chèvre l’hôtesse car elles finissent toujours par aller s’asseoir où elles veulent, participer à un concours de danse au milieu de personnes valides, faire des compétitions sportives (notamment natation)… J’en passe et à chaque fois que je les regarde je me rends compte de l’étendue de ma fainéantise, et je pense avec un peu de culpabilité à mon abonnement à la salle de sport qui est doucement en train de mourir dans un coin.

Même si on le sait déjà, on se rend vraiment compte, dans notre société qui n’est pas aménagée, à quel point le plus infime des gestes peut devenir problématique pour des personnes à mobilité réduite, tout est une question de perpétuelle organisation et les difficultés se trouvent littéralement à chaque coin de rue. Partir en virée shopping devient un vrai casse-tête que les filles parviennent quand même à résoudre au prix de leur courage, de leurs efforts et de leur motivation sans faille. Il faut ajouter à cela le regard des autres, qui est insistant, bête, méchant, souvent tendre aussi, mais quoi qu’il en soit des intentions d’autrui, nous savons tous à quel point ça peut devenir pesant d’être scruté et d’être traité différemment, et lorsqu’il s’agit d’un lot quotidien, cela demande une force de caractère incroyable pour passer outre.

Les quatre amies ont toutes un parcours et des personnalités différents et sont percutantes chacune à leur manière. Une mention spéciale pour Angela qui était actrice et mannequin et qui est devenue tétraplégique après un accident de voiture. Contrairement aux autres filles qui sont paraplégiques et qui peuvent utiliser le haut du corps à souhait, Angela a également perdu de la mobilité au niveau de ses bras. Elle a besoin d’énormément de soins dans sa vie quotidienne. Malgré ces difficultés supplémentaires, elle va se battre pour retrouver du travail dans le mannequinat afin d’ouvrir la voie aux personnes handicapées dans ce métier et dans cette ville de Los Angeles qui, plus que tout ailleurs, est focalisée sur l’apparence.

Pour finir, un mot sur Tiphany qui justifie que nous parlions de la série ici. Après avoir hésité en ayant peur des possibles retombées négatives pour les membres de sa famille, elle a fait le choix de dévoiler sa sexualité dans l’émission en s’affichant dans la saison 1 en couple avec une jeune femme qui s’appelle Yoko et plus tard dans les soirée gays de Los Angeles où elle rencontrera Liz. Cela donnera lieu à de jolis moments, notamment dans l’épisode 7 de la saison 2 où Liz se met à la place de Tiphany et la suit à travers les rues de la ville en fauteuil roulant. Un beau geste qui permet de prendre conscience de ce que vit sa petite amie au quotidien. Tiphany est présentée comme bisexuelle bien que dès l’épisode 1 de la saison 1 elle clarifie les choses en disant qu’elle ne veut pas d’une étiquette et qu’elle aime des personnes et non des sexes.

Je pourrais m’épancher pendant des jours alors je vais conclure sur un conseil, bien que ce fût prévisible et qu’on savait toutes comment ma petite chronique allait finir : partez vite à la rencontre des push girls, vous risqueriez de vous surprendre à y trouver de la beauté, de la poésie, ce petit supplément d’âme touchant et surtout contagieux. En somme, d’un simple visionnage vous risqueriez de vous en sortir grandi !

Prix et Récompenses :

La série a été élue Best Reality Series à la cérémonie des Critics’ Choice Television Awards en 2013.

Push Girls

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A propos de Edwine Morin

Relectrice et Chroniqueuse Occasionnelle. Passionnée par les séries télévisées, elle en dévore depuis des années dans tous les thèmes possibles et ses préférences sont si hétéroclites qu'il est difficile d’en trouver les limites. Romantique dans l’âme, elle a succombé au charme d’I Can’t Think Straight et de Loving Annabelle tout en étant fan du travail de Quentin Tarantino.

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